L’Agence pour le Développement du Numérique (ADN) a participé, du 27 au 30 novembre 2023, à Paris et à Bruxelles, à la 37ème édition du Salon International Trustech 2023. Ce salon était dédié à l’interopérabilité des écosystèmes identitaires à l’échelle nationale, régionale et internationale, aux innovations technologiques des moyens de paiement et aux solutions digitales de sécurité des documents.
Cette édition a connu la participation de grandes figures de l’identité, telles que Secure Identity Alliance (SIA), AFNOR, DIAL, ENISA, ETSI, GSMA, IAB, ID4Africa, IETF, ISO, IOM, ITU, International Rescue Committee, Norwegian University of Science and Technology (NTNU), OECD, Secure Technology Alliance, Tony Blair Institute for Global Change, UNHCR, UNDP, University of Stuttgart, W3C, World Bank, NIST, OpenId Foundation, Global Platform, etc., ainsi que des représentants des gouvernements de pays du monde entier (Australie, Belgique, Brésil, Côte d’Ivoire, Éthiopie, France, Gabon, Allemagne, Ghana, Guinée, Italie, Japon, Madagascar, Nigeria, Norvège, Pakistan, RDC, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Soudan du Sud, Ouganda, Royaume-Uni, USA [NIST, Treasury, DHS …]).
Elle a été marquée par la participation de la Présidence du Conseil de l’Union Européenne, représentée par l’eurodéputé espagnol Carlos Saura, et du député français en charge de la commission des lois et particulièrement de l’identité numérique, monsieur Philippe Latombe. Les fournisseurs de produits et services de l’identité tels que Thales, Veridos, Idemia, IN Group, etc, tous engagés pour la promotion et le développement des grandes orientations stratégiques sur les systèmes d’identité de demain, ont également pris part à ce Salon.
Co-organisée par l’initiative OSIA (Open Standards Identity APIs), qui est une alliance d’opérateurs privés et d’Etat pour la définition des normes et standards d’interopérabilité afin de créer une connectivité transparente entre tous les éléments constitutifs de l’écosystème de la gestion de l’identité, et indépendamment de la technologie, de l’architecture de la solution ou du fournisseur, Trustech 2023 a mis en évidence la nécessité de construire un système d’identité qui répond aux enjeux et défis de la transformation numérique. C’est à ce titre qu’il considère le développement explosif des technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle et l’informatique quantique, ainsi que les enjeux et défis de la cybersécurité, comme une opportunité pour que les États, et particulièrement les pays africains, repensent leurs systèmes d’identité en les faisant reposer sur des normes et standards qui garantissent l’interopérabilité et la résilience.
L’une des particularités de cette 37ème édition est la consécration d’une table ronde africaine sur la promotion de quelques grandes idées sur l’évolution des programmes d’identité numériques au cours des prochaines années.
À Paris, au cours de cette table ronde, M. Dominique MIGISHA, Coordonnateur de l’Agence pour le Développement du Numérique de la République Démocratique du Congo, a présenté la vision de Son Excellence Monsieur le Président de la République, traduite dans le « Plan National du Numérique – Horizon 2023 », qui a été adopté dans le Programme d’action du gouvernement, avec la volonté de faire du numérique « un levier d’intégration, de bonne gouvernance, de croissance économique et de progrès social ».
L’un des projets phares de ce plan est l’identification biométrique de toute la population. Le but poursuivi par ce projet est de doter le pays d’un Fichier Général de la Population qui servira de socle pour, notamment, l’édification des systèmes de gestion des populations, la planification budgétaire ainsi que les services essentiels, comme par exemple l’impôt, la douane, l’immigration, la demande de documents officiels tels que le passeport, le permis de conduire, les actes d’état civil, etc.
En réponse à la question du modérateur de cette Table Ronde, Monsieur Guy de Felcourt concernant la vision ou l’ambition que porte la République Démocratique du Congo pour l’identité numérique et les services connexes qui seront déployés à l’horizon de cinq à sept ans, Monsieur MIGISHA a articulé sa pensée de la manière suivante : l’aspiration primordiale de la RDC réside essentiellement dans la maîtrise démographique. Actuellement, la RDC figure parmi les nations dépourvues de Registre National de la Population, le dernier recensement datant de plus de trois décennies, précisément en 1984. Avec l’institution d’un Ministère dédié au Numérique au sein du Gouvernement, dont l’une des prérogatives est l’établissement d’un identifiant unique pour chaque citoyen, la RDC manifeste une volonté inébranlable de forger son identité numérique.
Établissant un parallélisme entre l’évolution de la téléphonie fixe en Occident et celle de la téléphonie mobile en Afrique, le Coordonnateur de l’ADN a mis en exergue le fait que l’Afrique et la RDC en particulier, est en phase de combler son retard technologique. En 2022, le gouvernement congolais, conscient des enjeux stratégiques et politiques cruciaux liés à l’identité démographique, a opté pour la création d’une commission mixte visant à consolider les opérations d’enrôlement électoral, d’identification des citoyens et de recensement général, tant administratif que scientifique.
Cette initiative a permis à la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) de constituer une base de données vérifiée, regroupant plus de quarante-trois millions d’électeurs. Un protocole d’accord entre la CENI et l’ONIP a été conclu, stipulant le transfert de cette base de données ainsi que des équipements à l’ONIP pour la poursuite des travaux et surtout la création du tout premier fichier biométrique de la population congolaise sur la base du fichier électoral complété par les catégories non concernées par ces élections et les non enrôlés (les mineurs, les policiers et militaires, etc.)
Ce processus, caractérisé par sa transparence et son inclusivité, offrira à chaque congolais la possibilité de se prévaloir d’une carte d’identité nationale intégrant un numéro d’identification national. Ce dernier servira de clé pour l’élaboration de l’identité numérique. Il convient également de mettre en relief que, sur le plan juridique, le code du numérique promulgué cette année contient des dispositions régissant les principes fondamentaux relatifs à l’identité numérique incluant, entre autres, l’identification électronique, l’établissement d’une infrastructure publique numérique (guichet numérique) et la signature électronique.
Dans la foulée, le Coordonnateur de l’ADN a abordé l’opportunité d’instaurer une identité numérique universelle, considérant que cela profiterait aux pays du Sud car le numérique est le pilier du développement et de la gestion transparente des citoyens à l’échelle globale.
De nombreuses sociétés spécialisées ont exposé leur innovation durant cette édition qui occupe un des palais des expositions de Versailles. Parmi les innovations qui ont été découvertes par la délégation de l’ADN, figure la puce électronique flexible développée par la société INFINEON qui permet son placement sur l’ongle du pouce, ce qui permet de simplifier certaines transactions digitales en ayant toujours cette puce sur soi. Le Coordonnateur de l’ADN a expérimenté cette technologie qui doit encore trouver son marché et des usages utiles…
Cette mission fut extrêmement fructueuse car elle a permis de poser les bases d’un futur cadre d’une collaboration permanent avec des spécialistes de divers pays africains, portant non seulement sur l’identification mais aussi sur la transformation numérique de nos nations respectives, avec une approche pragmatique fondée sur l’échange d’expériences tangibles, notamment l’implémentation d’une infrastructure à clé publique (PKI, Public Key Infrastructure) et de la signature électronique, à l’instar de ce qui est pratiqué ailleurs, et plus particulièrement en Côte d’Ivoire.
À l’occasion du dixième anniversaire de l’initiative OSIA à Bruxelles, une réflexion approfondie sur les idées novatrices relatives à la construction et au développement d’une stratégie favorisant l’adoption d’une identité numérique à l’échelle internationale a été mise en exergue. Le Nigeria, précurseur africain en matière d’identité numérique, a soutenu cette initiative avec ferveur. Monsieur Migisha a eu l’occasion de s’entretenir avec le représentant de la présidence tournante du Conseil de l’Union Européenne, l’Euro-député espagnol Carlos Saura, ainsi qu’avec la délégation du Parlement Européen, conviée par les organisateurs d’OSIA. Les discussions ont porté sur l’œuvre de longue haleine de l’Union Européenne, qui culminera en 2026 avec l’établissement d’un système harmonisé, préfigurant ainsi l’avènement d’une identité numérique globale.
S’appuyant sur les progrès significatifs, notamment l’adoption, en novembre 2023, de la réglementation eIDASv2 et d’une législation concernant le portefeuille numérique européen (EU ID Wallet), l’Union Européenne a lancé un appel à la collaboration internationale pour l’épanouissement de cette identité numérique. Le Coordonnateur de l’ADN a assuré la délégation de l’Union Européenne de l’engagement résolu de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à œuvrer de concert pour l’édification d’un système d’identité conforme aux normes et standards promulgués par d’éminentes organisations telles qu’OSIA.
En conclusion, Trustech et son partenaire de choix, OSIA, exhortent les gouvernements et les acteurs de l’industrie de l’identité à unir leurs forces afin de libérer le potentiel du marché de l’identité, en élaborant un cadre d’interopérabilité universelle propice à l’innovation, à la compétitivité et à la pérennité. La RDC qui va enfin déployer son écosystème identitaire à travers l’ONIP sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur, s’inscrira dans cette logique d’interopérabilité afin que les futurs citoyens numériques congolais soient tous des citoyens numériques du monde !
